
Dieu a créé l’Homme, l’a placé sur terre et a mis la terre à son service. Dieu a aussi envoyé des Messagers avec des lois divines pour guider l’être humain afin qu’il réalise le but de sa création : être le lieutenant de Dieu sur terre. Il doit pour cela s’efforcer de retourner à sa nature saine pour atteindre le summum de l’humanité, construire une communauté parfaite qui sera témoin pour les hommes, exploiter les ressources de la terre en les mettant au service de l’humanité de la meilleure manière.
La nature innée de l’être humain le porte vers le bien et l’acceptation de la vérité, mais connaître les grandes lignes de la mission pour laquelle il a été créé ne suffit pas à lui permettre de s’en acquitter. En effet, les désirs, les passions, les mauvaises pensées, les influences néfastes de toutes sortes qui s’accumulent viennent souiller et étouffer sa nature saine, faisant dévier son comportement.
Pour s’acquitter de la mission pour laquelle il a été créé, l’être humain a donc besoin de purifier son âme de toutes les erreurs qui l’encombrent. Or, il ne pourra l’en purifier qu’en se détachant de la vie matérielle superficielle afin de mieux ressentir son âme et ce qui s’y déroule. Pour cela, il lui faut retourner vers Dieu le Très-Haut, car c’est Lui qui détient les clés de son cœur :
« Sachez que Dieu intervient entre l’homme et son cœur » (sourate al-Anfâl, verset 24).
C’est pourquoi l’islam insiste sur les pratiques cultuelles et les rites, qui représentent les moyens par lesquels l’être humain peut renforcer le lien spirituel qui l’unit à son Créateur et purifier son cœur des influences de ce bas-monde. Il ne s’agit pas de s’isoler de la vie de ce monde, mais d’y retourner purifié, le cœur lavé, afin d’y œuvrer avec sincérité et bienfaisance. Les pratiques cultuelles n’ont pas pour objet de soumettre l’être humain à des difficultés uniquement pour tester son obéissance : elles visent à le purifier et à lui permettre de revenir à son Créateur pour mieux revenir à lui-même et à la vie, de toute son âme et son corps. Dieu dit après avoir évoqué certaines pratiques cultuelles :
« Dieu ne veut vous imposer aucune gêne, mais Il veut vous purifier et accomplir Son bienfait à votre égard : ainsi peut-être serez-vous reconnaissants » (sourate al-Mâ’ida, verset 6).
Les cinq prières constituent la plus importante pratique cultuelle en islam. Le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Si l’un de vous avait à sa porte un fleuve où il se lavait cinq fois par jour, pensez-vous qu’il lui resterait quelque trace de saleté ? » On lui répondit : « Non, il ne lui resterait aucune trace de saleté. » Il dit alors : « Cela représente les cinq prières, par lesquelles Dieu efface les fautes. » (Hadîth unanimement reconnu authentique.)
L’objectif des cinq prières est ainsi de permettre à l’être humain de purifier son âme des saletés que ce bas-monde y dépose, en se détachant chaque jour, pour quelques instants, des préoccupations liées à la vie d’ici-bas pour renouer le lien entre son âme et sa source transcendante. Parfois, cependant, la prière devient à son tour une routine quotidienne répétée mécaniquement, et s’intègre ainsi aux préoccupations de ce bas-monde au lieu d’être un moyen pour s’en libérer.
Aussi loin que l’être humain puisse être de son Seigneur et du sens de son existence,
« Dieu est plein de sollicitude envers Ses serviteurs » (sourate ash-Shûrâ, verset 19)
Il veut pour eux le bien et le salut et Il leur accorde des occasions de reprendre leur vie en main. Le mois de ramadan est l’une de ces occasions. Là où la prière représente un instant où l’être humain se détache de ses préoccupations quotidiennes pour méditer sur sa situation et revenir au fondement de son existence, le ramadan est un mois entier préparé par Dieu dans ce but pour tous ceux qui aspirent à revenir vers Lui. C’est pourquoi il est proclamé, durant la première nuit du ramadan : « Viens, toi qui veux le bien » (rapporté par at-Tirmidhî).
L’objet du ramadan n’est pas simplement que l’on s’abstienne de manger et de boire en endurant cela jusqu’à la fin du mois, comme le montre le Prophète (paix et salut à lui) lorsqu’il dit : « Un jeûneur ne retire parfois de son jeûne que la faim et la soif » (rapporté par Ahmad). Le mois de ramadan est une école où le changement de rythme pousse l’être humain à réfléchir au sens de sa vie et à reprendre conscience de la valeur des choses.
Ce mois atténue la domination du corps et des préoccupations quotidiennes, que l’être humain a moins de force pour poursuivre. Ceci à son tour renforce la dimension spirituelle et rappelle à l’être humain que c’est de son âme et non pas de son corps qu’il tire son humanité. Cela lui rappelle le lien qui l’unit à son Créateur et lui enseigne à nouveau la valeur de la prière et l’importance de se présenter devant son Seigneur. En se remémorant son Seigneur, il reprend conscience de lui-même, de ce qu’il est véritablement, d’où il est et d’où il va.
Ce mois éduque l’être humain à se libérer de tout ce qui peut l’éloigner de son humanité. Si le réveil spirituel permet à l’être humain de redécouvrir sa situation et ce qui se passe dans son cœur, le fait de s’abstenir de tout ce qui fait rompre le jeûne représente un entraînement pratique qui lui apprend comment se contrôler et vaincre ses pulsions.
Ce mois rend également l’être humain plus sensible à son frère en humanité : voulant pour lui ce qu’il veut pour lui-même, il fait acte de générosité matérielle et morale de sorte que les cœurs se rapprochent. C’est pourquoi le Prophète (paix et salut à lui) « était le plus généreux durant le ramadan » et se montrait « plus généreux que le vent porteur de pluie » (rapporté par al-Bukhârî).
Tout cela résume le sens des rites prescrits par Dieu à Ses serviteurs : ce sont les moyens grâce auxquels l’être humain prend conscience de son Seigneur et prend ainsi conscience de lui-même et des autres.
De ce fait, l’être humain doit fêter `îd al-fitr, à la fin du ramadan, comme une nouvelle naissance marquant sa victoire sur lui-même et sa libération. Il se réjouira ainsi à double titre : il se réjouira de rompre son jeûne, et il se réjouira des grâces que Dieu lui a prodiguées durant ce mois béni. Il aura la joie de rencontrer son Seigneur avec un cœur sain et en ayant réalisé une œuvre immense. Le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Le jeûneur bénéficie de deux joies : il a la joie de rompre son jeûne, et lorsqu’il rencontre son Seigneur il a la joie d’avoir jeûné » (rapporté par Muslim).
Dieu dit :
« Dis : c’est la grâce et la miséricorde de Dieu. Qu’ils s’en réjouissent, car cela est meilleur que tout ce qu’ils amassent » (sourate Yûnus, verset 58).
Il dit encore :
« Le Jour où ni les biens ni les enfants ne seront d’aucune utilité, mais seulement de se présenter devant Dieu avec un cœur sain » (sourate ash-Shu`arâ’, versets 88-89).
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