Gender

Il est beaucoup question aujourd’hui du « statut de la femme en Islam ». Il est vrai que c’est un thème qui nécessite un effort supplémentaire de la part des savants de l’islam dans le but de (ré)examiner la situation de la femme, notamment de la lecture des sources scripturaires et de la manière dont sont traitées ces questions au sein des familles et des sociétés. Ce qui est essentiel aujourd’hui consiste à tenter de formuler les bonnes questions. Nous pensons que ces questions ne concernent pas uniquement la femme, mais aussi l’homme et le rapport entre l’homme et la femme. Dans un monde qui change, nous avons également besoin de mieux comprendre les systèmes culturels en évolution, les nouveaux ordres sociaux et le statut des individus dans ces nouvelles réalités. Tous ces éléments devraient encourager les savants à revenir aux textes fondamentaux de la religion et à poser les bonnes questions ou, au moins, à établir des priorités dans la manière de traiter ces questions. Ainsi sera-t-il nécessaire d’identifier les objectifs religieux majeurs (maqâsid) concernant la relation entre la femme et l’homme. Avant de réfléchir sur les rôles respectifs de l’un et de l’autre, nous devons traiter de l’« être »: que peut-on d’abord dire de l’essence d’une femme, d’un homme, sur le plan spirituel et vital. Nous devons étudier le rapport entre l’éthique et la législation d’une part, et le rôle de la femme et de l’homme (en tant qu’individu au sein de la famille et de la société) d’autre part. Ce qui nous mène à deux points essentiels au sein de la tradition législative: d’abord, l’identification de ce qui est immuable ou fixe, de ce qui est culturel ou changeant, le degré de flexibilité entre ces deux pôles. Il s’agit, ensuite, de l’étude de la terminologie utilisée dans les textes, laquelle doit être lue à la lumière de la culture d’origine, au moment où les texte ont été révélés (Coran) ou inspirés (Sunna), puis bien sûr à la lumière des défis actuels. Ces deux points impliquent une réflexion profonde liée à la question du genre dans le cadre de la tradition islamique. Il s’agit de produite les contours d’une éthique islamique appliquée dans ces divers domaines, de la compréhension des « êtres » à l’éducation, au statut social, à l’égalité, à l’autonomie, au mariage, au divorce, jusqu’au statut respectif dans la société.

C’est précisément dans ce contexte que l’on a besoin d’hommes et de femmes –savants musulmans et citoyens ordinaires qui se spécialisent dans ces questions, dans le but de savoir distinguer ce qui « essentiel » et « naturel » de ce qui est « culturel », socialement construit. Dans le cadre de la recherche menée par le Centre, notre objectif est de réfléchir à ces questions et de tenter de proposer de nouvelles méthodologies permettant de relever ces défis.