Nous parlons souvent des aliments et de ce qui est licite (halal ) d’un point de vue islamique. Nous nous référons alors à des règles bien connues et à des principes et interdictions répétées par les savants musulmans. Pour la viande, par exemple, nous avons tendance à nous limiter aux conditions nécessaires pour qu’une viande soit halal – notamment en ce qui concerne les techniques d’égorgement de l’animal, etc. Or, les questions à traiter sont plus profondes et plus complexes. Nous avons besoin d’étudier la façon dont nous mangeons, ce que nous mangeons, et la manière de traiter l’animal (de même que les traitements que ce dernier subit durant toute sa vie: conception, croissance et conditions de vie, égorgement). Les nouvelles techniques industrielles doivent être étudiées. Nous serons ainsi amenés à avoir une vision plus globale du sujet et à réévaluer non seulement les règles établies pour que la viande ou les aliments en général soient licite-halal, mais aussi les perspectives éthiques et les objectifs rattachés spécifiquement au traitement et à l’élevage des animaux de même que les sources et moyens d’alimentation. Les défis sont plus complexes que ce que nous le pensons communément. Ainsi la première étape de notre travail consiste-t-elle à réfléchir sur l’éthique appliquée dans toutes ses dimensions rattachées à la nourriture.
Nous devons également ajouter à cela l’éthique de la consommation, qui nécessite de réfléchir à ce que nous mangeons – l’origine des aliments, les techniques qui ont pu être utilisées pour le production, le traitement des animaux, les procédés de culture, etc. Nous avons besoin de lier l’éthique de la consommation à l’économie et à la production en réfléchissant à la manière dont nous considérons les différents procédés susmentionnés. Non seulement en se concentrant sur des questions très techniques, mais également en développant une réflexion d’ensemble sur la manière dont on pourrait se nourrir de façon éthique d’un point de vue islamique au cœur de notre époque. Nous devons discuter des techniques d’abattage, des bonnes conditions de vie et d’élevage de l’animal, ainsi que de toutes les dimensions concernant l’agriculture, la production et le statut des personnes travaillant dans ces domaines. Nous avons besoin de spécialistes du domaine déjà penchés sur ces questions d’actualité. Ces experts pourraient aider les savants de la législation islamique à comprendre la complexité de la question et à formuler une orientation appropriée concernant les priorités à respecter dans ces domaines.
